mardi 9 novembre 2010

Pourquoi je n'ai pas terminé "Pollen"

Je n'ai pas l'air, comme ça, mais il m'arrive d'être un garçon tolérant, ouvert et curieux de la vie. Ainsi, un beau matin, je me suis dit "tiens, je vais essayer de lire autre chose que de la vraie SF pour nous les hommes", je vais aller voir du côté de ces auteurs dont on nous dit tant de bien, ces gens qui font de la "fusion", de la "fantasy urbaine" ou autre machin mal défini, pas tout à fait SF, mais pas vraiment non plus la fantasy à la papa, la quête avec l'anneau magique, l'épée magique, le dragon et la princesse en string avec des gros seins sur la couverture.

Donc sur les conseils conjugués de NooSFère et de mon libraire, je m'achète Pollen de Jeff Noon. Les premières pages, c'est la claque. Un style, une atmosphère... Cet homme-chien chauffeur de taxi qui fume des Napalm, cet univers où les vivants baisent avec les morts, les hommes avec des chiens et les humains avec des fleurs, en écoutant les Pink Floyd sur des radios pirates... L'impression de lire un des premiers albums de Canardo un jour où Sokal serait tombé sur la réserve de champigons de Burroughs. C'est brillant, ça grouille, on sent un univers d'une profondeur immense, un auteur qui vit totalement dans son délire, une imagination débridée!

Mais il n'y a pas d'idée. Il y a un univers, un background, un décor. Mais pour raconter quoi ? Une histoire confuse de conflit entre deux mondes, de jeune fille qui va sauver tout ça sans trop savoir comment, une intrigue boiteuse à la cohérence incertaine. On finit par ne plus s'intéresser à ces personnages, à qui il peut arriver tout ou n'importe quoi, dans un univers tellement riche qu'il n'y a plus assez de contraintes pour le faire tenir debout.

Jeff Noon m'a fait un peu la même impression que le China Mieville de Perdido Street Station : un imaginaire, un univers tellement riches qu'il s'imagine que c'est suffisant pour faire un bon roman. Mais non.

Au moins, ce roman m'aura permis de mieux comprendre ce que j'aime dans la SF. C'est parfois mal écrit, les personnages sont souvent stéréotypés, ça peut être aussi rigolo qu'un mode d'emploi de moissonneuse-batteuse lu sous la pluie, mais derrière tout ces défauts, on sent les neurones qui cliquètent, le ronronnement des petites cellules grises heureuses de jouer avec des idées.

3 commentaires:

Chuck Mohrice a dit…

Nous avons enfin une définition à fournir pour les 8 personnes qui ont répondu à la dernière réponse du sondage du mois : une fille c'est comme la radasse à gros seins qui se promène en string par -15°C sur les couvertures de Fantasy.

Enfin, je ne suis pas sûr qu'elles soient toutes comme ça non plus.

Henri a dit…

Tiens, comme c'est étrange, je ne suis pas d'accord avec toi sur Noon alors que je le (et te) suis pour Mieville. Ainsi va la beauté de la diversité dans la variété d'opinions.

JFS a dit…

Il faut de tout pour faire un monde, mon cher Henri ! Mais pour nuancer un peu mon propos, je dirais que j'ai tenu plus longtemps sur "Polen" que sur Mieville. Simplement, au bout d'un moment, je n'arrive plus à m'intéresser à des personnages à qui j'ai l'impression que tout peut arriver...

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