lundi 3 janvier 2011

Relire Algernon


Comme beaucoup d’amateurs de SF, j’ai lu, il y a longtemps, le beau roman de Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon. Mais ce n’est que récemment que j’ai appris, en discutant avec la très érudite Anne Lanièce, que Keyes avait d’abord écrit une nouvelle sur ce sujet, portant un titre identique. La même Anne a d’ailleurs eu la bonté de me prêter le vieux numéro de Fiction (n° 69, daté d’août 1959) dans lequel ce texte avait été publié en français, dans une traduction de Roger Durand.

Je viens donc de lire Des fleurs pour Algernon, en version courte. Faut-il en rappeler le sujet ? Le texte est constitué du journal que tient Charlie Gordon, un simple d’esprit, qui est l’objet d’une expérience de neuro-chirurgie destinée à tripler son QI (qui, initialement dépasse à peine les 60 points). L’expérience réussit, comme le montre l’amélioration progressive de l’orthographe et de l’écriture de Charlie (idée simple et belle, où la forme écrite se met admirablement au service du sens). À tel point que, devenu un véritable génie, le narrateur peut étudier le comportement d’Algernon, la souris de laboratoire qui a subi la même opération que lui.

L’effet du récit est beaucoup plus saisissant sous cette forme. En une vingtaine de pages, Keith va à l’essentiel et livre une nouvelle bouleversante. Les plus beaux passages sont sans doute ceux du début, où un Charlie encore idiot donne une magistrale leçon d’amour et d’optimisme. Des fleurs pour Algernon est avant tout un texte qui affirme que l’humanité n’est pas une question d’intelligence. La fin, d’une douce tristesse, gagne elle aussi en force et en beauté. À relire d’urgence.

J-F S.
PS : S’il vouplai si vous avé l’ocazion metté des fleurs sur la tombe d’Algernon dans la cour...

9 commentaires:

Acr0 a dit…

"À relire d’urgence."
Ou à lire tout court... il fait bien partie des livres que je souhaite lire. Mais comme tout LCA (lectrice compulsive anonyme) il y a des taaas de bouquins à lire, et pas assez de temps :)

Big Luna a dit…

Des Fleurs pour Algernon est un petit livre de 250 pages. C'est un très beau livre qu'il faut absolument lire.

JFS a dit…

@Acr0 :
Chère et estimée lectrice (oui, maintenant que par la ruse de notre premier sondage, on sait qu'il y a des dames qui nous lisent, autant se montrer galant...), c'est bien parce que je sais qu'on a tous des tââââs de bouquins dans nos diverses PAL (pile à lire) que je recommande de lire "des fleurs pour Algernon" dans sa version nouvelle. C'est plus rapide que le roman, et l'essentiel du texte s'y trouve. Outre le vieux numéro de Fiction que j'ai mentionné, il semble qu'on puisse le trouver dans quatre autres supports :
http://noosfere.org/icarus/livres/EditionsLivre.asp?numitemsommaire=23018
Les anthologies "Histoires de..." du Livre de Poche sont assez facile à trouver chez les bouquinistes.

Hippolyte a dit…

J'avais beaucoup aimé ce roman, mais j'avoue que je ne connaissais pas l'existence de cette nouvelle. J'aaaaaaadore les nouvelles ! Merci pour l'info. :D

Acr0 a dit…

Oui, mais un texte "tronqué", c'est source de phobie chez le lecteur :D

JFS a dit…

@Acr0 : Oui mais non. La nouvelle étant antérieure au roman, ce n'est pas une version tronquée. Au contraire, le roman n'est qu'une "inflation" du texte d'origine, le résultat d'un pisse-à-la-ligne. C'est donc la nouvelle, qui est la plus ancienne (oui, je sais, dit comme ça, ça fait bizarre), qui doit être considérée comme le véritable texte.

rmd a dit…

je n'ose pas faire un parallèle entre le style d'algernon et les SMS.

Nelfe a dit…

Je ne connais pas la nouvelle mais je ne doute pas que ça doit être aussi beau que le roman.
"Des fleurs pour Algernon" fut une vraie claque à la lecture. Superbe! Poétique, pudique, sensible... Je le relirai avec plaisir.

Big Luna a dit…

Pour rester dans le sujet, il y a aussi la nouvelle "Comprends" de Ted Chiang, que l'on peut trouver dans son recueil de nouvelles "La Tour de Babylone".

Si l'on excepte les 2 dernière pages, la nouvelle est vraiment sympa. Malheureusement j'ai l'impression de n'avoir pas compris grand chose de la fin, alors qu'il y avait matière à faire un truc qui roxe vraiment du poney.

Dommage.

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