lundi 10 janvier 2011

Le steampunk anecdotique

Je viens de terminer Les conjurés de Florence de Paul J. McAuley. Un roman de steampunk, voire de «pré-steampunk» qui se lit bien, plutôt agréable, mais qui me laisse une désagréable impression de vide.
L’histoire se passe à Florence, dans une Renaissance uchronique. Au lieu d’annoncer un renouveau des arts, la période est marquée par leur recul au profit de la science et de la technique. Grâce aux « Artificiers », menés par le génial Léonard de Vinci, la République est entrée avec quelques siècles d’avance dans la Révolution industrielle. C’est dans ce cadre que le jeune Pasquale, apprenti-peintre, va assister un journaliste du nom de Niccòlo Machiavel dans une enquête criminelle aux ramifications internationales.
 Sans être fabuleusement originale, l’intrigue est suffisamment bien construite pour être accrocheuse, les personnages sont attachants, l’écriture est plutôt agréable, et en dehors de quelques longueurs, l’ensemble se lit plutôt bien.

Mais une question demeure une fois arrivé à la fin : pourquoi en faire du steampunk ? Quel intérêt d’aller inventer une Italie plongée dans la Révolution industrielle par la grâce des inventions de Vinci ? Les anachronismes techniques se réduisent pour l’essentiel à quelques gadgets (voitures à vapeur, bracelet-montre, drones de combat...) qui n’apportent rien à l’histoire (à tel point que l’auteur les relègue souvent à l’arrière-plan du roman) ; seules exceptions, l’invention de la photographie et une vague machine volante, et encore, ces deux éléments sont pratiquement réduits à une fonction de McGuffin.
Même impression d’exercice un peu vain avec les personnages. Si le steampunk est traditionnellement l’occasion de s’amuser avec quelques figures historiques, on a un peu l’impression que McAuley se contente de charger de petits défauts les « grands hommes » : Machiavel n’est qu’un sous-Sherlock Holmes qui aurait remplacé la cocaïne par la picole, Raphaël est un fat, Léonard de Vinci est au bord de la sénilité... Ça fait sourire au début, puis on finit par trouver le procédé un peu puéril.

Si le steampunk est un genre que j’apprécie beaucoup, en général, j’ai eu l’impression ici que McAuley avait surtout envie d’écrire un roman historique, mais qu’il s’économisait beaucoup du travail de recherche et de précision que demande ce genre en ayant recours à un univers parallèle au notre. Le problème vient alors du fait que toutes les technologies anachroniques qui sont habituellement l’apanage du steampunk paraissent ici bien anecdotiques.

J-F S.

1 commentaires:

Big Luna a dit…

Beaucoup d'auteurs enrobent leur texte de science-fiction seulement pour s'affranchir de certaines obligations liées au genre. C'est d'autant plus vrai quand on fait référence à des faits ou des personnages historiques.

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