dimanche 14 août 2011

Melancholia, l'art de l'essentiel

Je sors de la projection du dernier film de Lars von Trier, Melancholia. Sans doute l'un des plus beaux films de science-fiction que j'ai vus récemment. En apparence, le thème est un classique qui ne dépareillerait pas au milieu des productions Bruckenheimer : une planète vagabonde géante s'apprête à frôler la Terre et, même si les scientifiques se veulent rassurants, la survie de notre planète est loin d'être garantie. Mais le film, à l'opposé du blockbuster hollywoodien, est le superbe portrait de deux femmes et peut, au final, se résumer en une seule question : "si la fin du monde devait arriver dans quinze minutes, avec qui construiriez-vous une cabane ?". Avant d'aller voir Melancholia, je n'aurais pas imaginé que cette question puisse être si bouleversante.

Le génie de Lars von Trier s'exprime ici dans sa capacité à aller à l'essentiel, à dépouiller progressivement son film de tout ce qui en est superflu. Ainsi de l'apocalypse attendue : elle est montrée en une longue et magnifique séquence en ouverture du film, ce qui permet, à la fin, de l'évoquer en quelques secondes choc, laissant ainsi toute la place aux personnages. La partie "science" de ce film de SF est, elle aussi, réduite au strict nécessaire : toute la mécanique céleste qui va amener la fin inéluctable est portée par deux schémas vus sur ordinateur et un bout de fil de fer.

Et cependant, le film est long (plus de deux heures), parce qu'avant d'entrer dans le vif du sujet (comment les deux sœurs, l'une, Justine, dépressive, atteinte de cette mélancolie qui donne son titre au film, l'autre, Claire, pragmatique, ancrée dans le réel de sa vie de famille, vont vivre cette fin du monde), Lars von Trier passe par un premier "acte" consacré au mariage de Justine, une machine bien réglée que la maladie de la principale intéressée va faire sombrer petit à petit. De nombreux critiques ont évoqué, à ce sujet, l'ombre de Festen de Vinterberg, camarade de Dogme de Trier, mais on peut aussi y voir une réminiscence des Idiots, où déjà le réalisateur utilisait la maladie mentale pour démolir les conventions sociales.

Cette première partie prend cependant tout son sens quand approche le dénouement : elle a permis de décrire en détails la personnalité des deux sœurs, laissant alors le réalisateur se concentrer sur l'essentiel, leurs réactions face à l'approche de Melancholia.
 
Terminons sur ce sujet pour souligner combien, avec la présence de cette planète, Lars von Trier démontre que le sense of wonder n'est pas l'apanage des films hollywoodiens : les images sont de toute beauté (ha le magnifique lever de Melancholia en début de nuit...), sans que les effets ne paraissent jamais trop appuyés et la fascination des deux hommes (le mari et le fils de Claire) pour l'astre étranger fait de Melancholia un véritable film de science-fiction.



mardi 9 août 2011

Perfide Albion, je t'aime

 Pffiou... me voici de retour. Il était temps, ça commence à bruler de partout chez les Bretons. Chuck et JFS voulaient que je fasse un carnet de voyage pendant mon séjour mais j'avais un accès réduit à Internet et je ne suis pas sûr que mes aventures en terra incognitae soient si exaltantes que ça.
A la place, je vais vous faire un résumé de ce que j'ai vu en 3 semaines. Mais comme je suis farceur, j'y ai glissé un petit mensonge. A vous de le trouver. Attention, il y a un piège.
  • J'ai mangé du poulet roti à la menthe (et c'était franchement très bon)
  • Mon prof de free fight faisait cours avec une tasse de thé à la main (il l'a posait parfois pour mettre un pain)
  • J'ai surpris deux cochons d'Anglais en train de faire des cochonneries dans les toilettes d'un pub
  • J'ai pris ma douche avec PJ Harvey
  • Je ne me suis fait draguer par aucune Anglaise (franchement je ne comprends pas comment c'est possible)
  • Je ne me suis fait draguer par aucun Anglais (Ha ben là je comprends encore moins)
  • Les Anglaises sont raffinées et élégantes
  • Je me suis fait traiter d'enculé par un chauffeur de bus de nuit (je n'ai pas tout compris mais je crois que l'idée était là)
  • Le temps d'un petit-déjeuner, j'ai vu passer dans le jardin deux renards, un écureuil et un chat.
Londres est une ville formidable, à la fois reposante et extrêmement vivante (bon, en ce moment ça crame un peu...), et en tant que Français j'ai toujours été vraiment bien accueilli. Il existe une relation particulière entre nos deux pays, entre haine et amour, un peu à l'image des matches de rugby entre nos deux nations. Je suis vraiment tombé amoureux de cette ville et de ses habitants. Du coup, j'ai demandé ce matin à mon Boss de m'expatrier là-bas. Il faut vraiment essayer Londres, une ville à la fois si proche et tellement éloignée de nous.

lundi 1 août 2011

Ce n'est plus de la SF

Dans la nouvelle Les douves (in Axiomatique), Greg Egan imagine un millionnaire qui, par peur des maladies, fait remplacer tout son ADN par des molécules construites sur des bases distinctes des célèbres A, T, G et C. Ainsi, son génome ne pourra plus jamais être perturbé par celui des virus présents sur Terre. Des scientifiques semblent être partis du même constat pour concevoir des bactéries à des fins utilitaires, par exemple pour la production d'énergie. Afin d'éviter que ces créatures ne puissent "s'échapper" et interagir avec d'autres êtres vivants, ils ont remplacé la thymine de son ADN (le T) par une molécule totalement différente. Je cite l'article de techno-science :
A terme, la bactérie ainsi obtenue présenterait l'avantage de dépendre de ce composé, absent dans la nature, et ne pourrait ni entrer en compétition, ni échanger de matériel génétique avec les organismes sauvages.
 Tiens, et puis pour rester dans les littératures de l'imaginaire rattrapées par la réalité : un célèbre roman de fantasy, la Bible, se trouve lui-aussi concurrencé par des ingénieurs : voici le robot qui marche sur l'eau, mis au point par une équipe chinoise :

dimanche 31 juillet 2011

Bifrost n° 63, spécial Frank Herbert

Bon, visiblement, c'est la grande mode de faire une critique de ce numéro-là de Bifrost. Est-ce parce qu'il ne se passe pas grand chose d'autre cet été ? Parce que l'auteur de Dune est particulièrement populaire ? Aucune idée, mais on trouve des posts consacrés à la revue ici, , aussi, ou encore de ce côté ou de celui-là... Devant une telle profusion, je ne voudrais surtout pas paraître original, alors c'est parti pour une couche de plus !
Dune de David Lynch


Évacuons d’abord ce qui ne fait pas partie du dossier Frank Herbert, à savoir les nouvelles de Jean-Claude Dunyach et d’Eric Brown.

L’auteur toulousain signe, avec Le clin d’œil du héron, un texte à mi-chemin entre la magie et les glissements subtils de réalité. C’est, comme d’habitude, superbement écrit. La chute, bien emmenée, est d’une grande élégance.

La nouvelle d’Eric Brown m’a beaucoup moins emballé, malgré les efforts herculéens du rédacteur en chef qui, dans la note d’introduction, fait tout son possible pour convaincre le lecteur qu’il a entre les mains la prose d’un auteur génial injustement sous-estimé par chez nous. Son Exorciser les fantômes se lit bien, il n’y a là rien d’autre que de la très honnête science-fiction, mais on a l’impression d’avoir rencontré ce genre d’histoires et d’univers des centaines de fois auparavant. C’est agréable, c’est propre et bien écrit, rien ne dépasse, et ça s’oublie à peine terminé.

Puisqu’on est dans les choses qui fâchent, ouvrons maintenant le dossier Herbert par les deux nouvelles. Elles n’ont, à mes yeux, qu’un seul intérêt, c’est celui d’expliquer pourquoi Herbert est surtout connu pour ses romans et pourquoi il n’a écrit, dans toute sa carrière littéraire, qu’une cinquantaine de textes courts. Visiblement, cette forme n’était pas celle où il était le plus à l’aise.

Semence peut effectivement faire penser à Dune, avec son petit côté planet-opera écologique, mais pour avoir été écrit cinq ans après son roman le plus célèbre, le texte paraît bien fade, bien indigent. Plus étonnant encore est le relent réactionnaire qui parcourt toute la nouvelle. Le personnage féminin est une bobonne reléguée à ses fourneaux pendant que l’Homme, seul, va affronter le danger sur son bateau de pêche. Tout le texte est construit pour montrer la supériorité de l’intuition, de l’homme de terrain, bref du paysan bas du front, les pieds dans le fumier et les mains endurcies par le maniement de l’outil, contre ces intellectuels et scientifiques qui ne comprennent rien au monde réel. L’intelligence de la main contre l’intelligence du cerveau. Finalement, on découvre que Rafarin aurait pu faire une honnête carrière d’auteur de SF.

Avec Mort d’une ville, le problème est autre. Le texte est tout simplement imbittable. La notion de «Médecin de ville», qui semble être au cœur de l’intrigue, reste fumeuse, artificielle et d’un intérêt que, pour être poli, on va qualifier de peu évident. Une fois encore, la partie la plus captivante reste le texte de présentation et ses contorsions pour justifier la présence d’un tel ratage au sommaire du Bifrost. Un grand moment de faux-culterie éditoriale.

Heureusement que le dossier Herbert ne se limite pas aux nouvelles. La suite est d’un tout autre niveau. Une serie de textes reviennent d’abord sur l’homme qu’était Frank Herbert, à travers une biographie de très bonne tenue (tiens, allez, comme c’est l’été et que je n’aime pas l’été, je vais encore dire une méchanceté : heureusement que Frank Herbert est mort, ça nous a évité l’une de ces soporifiques interview-fleuves dont Richard Comballot a le secret) suivie d’un récit très personnel et plutôt émouvant de la rencontre entre Philippe Hupp et Frank Herbert.

On passe ensuite au plat de résistance du dossier, à savoir le cycle de Dune. Ça commence par un article passionnant d’Herbert en personne sur la genèse de Dune et ses suites (où l’on découvre d’ailleurs que la couverture de l’actuel Bifrost est un hommage à celle de l’édition originale). J’en ai en particulier retenu l’aversion qu’Herbert avait pour les «grands hommes qui ont fait l’histoire», qu’ils soient considérés comme des monstres (Hitler & Cie) ou comme des héros (JFK ou Patton) et, rétrospectivement, je comprends mieux le malaise que j’avais ressenti, lors de ma première lecture du Messie de Dune, à l’âge de 13 ou 14 ans. Après avoir construit un héros, un surhomme, un sauveur à travers le personnage de Muad’Dib, Herbert le démonte avec brutalité dans le deuxième roman du cycle.

Après avoir lu les élucubrations de Claude Ecken dans le dossier Science-Fiction du Bifrost n° 61, ou l’art de confondre métaphore et argument pour pouvoir dire n’importe quoi, j’étais un peu inquiet en attaquant la lecture de son volumineux article Livre de sable : mosaïque de Dune. J’ai été pleinement rassuré en lisant cette analyse longue de 16 pages : on retrouve le Claude Ecken brillant et captivant de Génération Science fiction ou de L’écriture de la Science-fiction. Le texte est riche et aborde de multiples thèmes, en particulier comment Frank Herbert crée une sorte de rupture dans la SF de l’époque tout en sacrifiant à quelques lois incontournables du genre, le rôle des femmes, les rapports à la religion, les jeux sur le langage... Une analyse du cycle sous des angles variés, pertinente et toujours passionnante. Bref, si l’on ne doit lire qu’une chose dans ce dossier, c’est cet article-là.

Dune de David Lynch

Le papier d’Ugo Bellagamba m’a un peu moins emballé. Se spécialisant dans la défense des causes cinématographiques désespérées, il entreprend de réhabiliter le Dune de David Lynch après avoir brillament volé au secours de Tron - Legacy. Mais cette fois-ci, bien que je sois encore une fois d’accord avec lui sur tous les aspects réussis et passionants du film, je trouve qu’il passe complétement à côté de la question principale qui est celle-ci : à quoi sert-il de faire l’adaptation au cinéma d’un roman (et, en particulier, d’un roman culte) ? Cherche-t-on a caresser dans le sens du poil les tolkienolâtres orthodoxes qui se pâment de bonheur devant l’insipide trilogie de Peter Jackson parce que chaque poil de patte de Hobbit est exactement à la place que le Maître avait stipulée à la page 1285 du Silmarion, ou bien s’agit-il d’apporter à un public de cinéphiles la vision personnelle d’un réalisateur qui s’empare du travail d’un autre artiste, se l’approprie et le transforme ? Va-t-on au cinéma pour vérifier que le décorateur a bien respecté toutes les indications du roman, ou pour découvrir quelque chose de nouveau et de surprenant ?


Formule de l'épice (The Dune Encyclopedia)
Je passe rapidement sur le guide de lecture, qui reprend les autres romans de Herbert. C’est bien fait, pratique, pas forcément palpitant à lire, mais c’est à garder chez soi comme une bonne bouteille de Côte du Rhône au cas où des amis débarqueraient à l’improviste. Même chose pour la bibliographie. Je termine sur la rubrique Scientifiction pour faire part d’une petite déception. Dossier Herbert oblige, on parlera ici de l’Épice et du distille.
 Roland Lehoucq s’est d’ailleurs fait seconder par un chimiste, Stéphane Sarrade, pour le premier thème. Mais si le décorticage très «ingénieur» du distille m’a bien plu, j’ai trouvé très succinct le traitement du premier sujet. Les deux auteurs balayent de nombreux sujets autour de l’Épice, passant en revue l’histoire de la chimie, des poisons et la notion de prescience et d'élixir de vie dans d’autres œuvres de fiction, mais au final, ils ne disent rien des aspects scientifiques qu’il pourrait y avoir derrière l’Épice. Rien sur les propriétés chimiques de cette molécule, rien sur ses effets psychotropes, rien sur les rapports entre le Mélange et la prescience, le rapport au temps et à la mémoire. Bref, c’est peu de dire que c’est un peu court.

Au final, on a donc un Bifrost d’un intérêt limité pour les nouvelles (à part celle de Dunyach, rien de palpitant) mais indispensable à tout amateur du cycle de Dune et de son auteur.
J-F S.

Pendant ce temps, au Japon...

Pendant que Big Luna se rejoue "À nous les petites Anglaises" dans les banlieues de Londres et que JFS feuillette son dictionnaire à la recherche d'un nouveau mot compliqué à placer dans son prochain post (putain... "afféteries", je savais même pas que ça existait), y'en a qu'un qui bosse, c'est Bibi !
Comme je suis le seul gars un peu cultivé du groupe, c'est naturellement sur moi qu'est tombée la rubrique cinéma de ce blog. Alors, toujours à l'affut de nouveautés de haute qualité, je parcours le web et, grâce en soit rendue à Thomas Day qui a donné l'info sur le forum du Bélial', je tombe sur cette petite merveille nippone tout à fait adaptée au retour du soleil en ce milieu d'été.

Attention, c'est du lourd, du NSFW, du haut de gamme. Eloignez les chiens et les enfants du téléviseur, et ne cliquez pas si vous êtes au boulot en open-space... Prêts ? C'est parti pour ce délicieux extrait de "Big Tits Zombie" (ouais, c'est comme ça que ça s'appelle).


Elle est pas belle, la vie ? A la réflexion, je me demande si un seul tremblement de terre, c'était suffisant ?
Chuck.

mercredi 13 juillet 2011

William Gibson, Zero History 3/3

<== vers la deuxième partie


Entre pertinence et maniérisme

Gibson continue à travailler son style selon la trajectoire amorcée avec Identification des schémas mais il semble être entré dans un système. Son écriture est de plus en plus marquée par un maniérisme, des afféteries. Il y a indéniablement une patte Gibson, mais on peut regretter qu’elle prenne toute la place, que la forme ait écrasé le fond.

Certaines métaphores sonnent juste («an espresso maker that looked set to win at Le Mans» / une machine à expresso qui semblait réglée pour gagner au Mans) et entre de longues descriptions d’objets cool, d’hôtels internationaux et de breakfast surchargés de signes, il distille des remarques pertinentes sur le monde des marques et du design, la notion de mode et de tendance. Mais souvent, on a l’impression qu’il en fait trop, qu’il se parodie lui-même : des dialogues où s’enchaînent les phrases d’un seul mot, les noms surchargés d’adjectifs emboités les uns dans les autres,
Au final, ça sent trop le travail, la recherche de l'effet pour l'effet et, par conséquent, il agace davantage qu’il ne convainc.
(Source : www.lofitrading.com/) «Turning on the enormous shower required as much effort as ever. A Victorian monster, its original taps were hulking knots of plated brass [...] It reminded her of H. G. Wells’s time machine.»* (Zero History)

Les décors et les accessoires sont en cohérence avec le style de l’écrivain : surchargés, jamais simples, bourrés de références, souvent brillants, mais au final un peu pénibles. Comme si Gibson craignait de subir les foudres divines si par malheur il se laissait aller à décrire quelque chose d'évident ou de normal.
Ainsi Bigend, qui porte en permanence un costume bleu de Klein, ou Heidi et son vêtement qui est «a sort of post-holocaust drum majorette jacket»**... on aurait parfois envie que les personnages soient habillés de façon banale, mangent des choses courantes dans des lieux quelconques. Au lieu de cela, Hollis décrit ainsi l’un de ses rendez-vous : « Came in the morning. Drove me to Brunswick Street. Eggs and bacon in a vegan lesbian café bar.» (Il est venu dans la matinée. M’a emmené Brunswick Street. On a mangé des œufs au bacon dans un café végétalien lesbien). C’est tellement too much qu’il s’agit probablement d’un trait d’humour de la part de Gibson. De l’autodérision ?

(Photo prise à South Whitehall le 6 janvier 2007, © Nicholas_T / Flickr)

Un monde sans substance


On ressort de ce roman comme d’un AppleStore : c’est beau et efficace à la fois, ça exerce une certaine fascination, ça donne l’impression qu’on a un peu mis un pied dans le futur, mais un futur où règne l'ennui et la superficialité.

On se surprend parfois à détecter une petite trace d'un dandysme désespéré à la Brett Easton Ellis dans l’accumulation du paraître et l'avalanche du brand-dropping, mais il manque au Pape du Cyberpunk le petit grain de folie distanciée et l’humour de l’auteur de Glamorama.

La déception qu’était Code Source se confirme malgré, ou peut-être à cause, de la qualité de l’écriture : Zero History montre que Gibson est arrivé au sommet de son style, mais que lui même se regarde un peu trop écrire, qu’il oublie le fond pour ne se soucier que du paraître. Est-ce parce qu’il n’a plus rien à dire ?

Il subsiste cependant un côté fascinant dans la façon dont Gibson rend compte du monde moderne. Alors, bien sûr, son dernier roman paraît un peu creux ; mais si c’était simplement le monde qui était devenu sans substance ?


*Mettre en marche l'énorme douche demandait toujours autant d'efforts. Un monstre victorien dont les robinets d'origine étaient d'énormes nœuds de bronze plaqués. Cela lui rappela la machine à voyager dans le temps de Wells.
 
** Une sorte de veste de majorette post-holocauste.

William Gibson, Zero History 2/3

<-- Vers la première partie
Parsifal chez les geeks
Qu’il se projette dans un futur proche ou qu’il s’attaque au monde contemporain, Gibson décrit toujours la même chose, un univers parcouru de signes et de tendances, saturé de logos et de marques, rendu indéchiffrable pour le profane en raison de cette accumulation. Dans la continuité des deux précédents romans, Gibson explore les sub-cultures qui se développent autour des objets, des marques, un mélange de geekerie et de fashion victim qui engendre sa propre mythologie : ces Gabriel Hounds que personne ne connaît mais dont tout le monde a entendu parler ou encore ces sites fantôme consacrés à des lignes de production défuntes qui peuplent le web ; notre époque a des maisons hantées à la hauteur de son matérialisme.
«You took my name», Dorothy, http://www.wearedorothy.com/news/you-took-my-name/

Le roman est ainsi parsemé de brand-dropping, qu’il s’agisse de marques réelles ou inventées, de discussions sur les mérites ou les performances de tel ou tel gadget, d’applications toujours plus hype pour les nombreux iPhones qui équipent les personnages ; les lieux publics sont des bars lounge, des hôtels branchés ou encore des boutiques qui tiennent davantage du show-room d'architecte d'intérieur suédois que du Franprix de quartier.

Dans un tel labyrinthe sémantique, un chamane, un initié est nécessaire pour «identifier les schémas». Ce rôle est en partie tenu par Bigend, le magnat à qui une compréhension supérieure du cool octroie une sorte de précognition. L’homme d’affaire reprend le don de Laney dans Tomorrow’s Parties qui était capable de repérer les «points nodaux» dans un océan d’informations indéchiffrable pour le profane.

À la fois complément et négatif de cet expert visionnaire, Miley est celui qui ressent les choses sans les comprendre, une sorte de Pythie devenue clean, un innocent dont la clairvoyance serait justement due à cette pureté, à cette virginité. Il y a chez Miley un petit air de Parsifal, alors qu’il promène dans tout le roman son absence de compréhension des enjeux, sa franchise qui le pousse à trahir tous les secrets qu’on lui confie avec la plus extrême candeur ; la ressemblance est encore renforcée par la nuit platonique qu’il passe dans les bras de la charmante Fiona. C’est bien entendu Hollis qui jouera le rôle de Gurnemanz, et qui ira même jusqu’à armer le chevalier «pur si fol» en lui faisant cadeau d’un ordinateur portable. Un Mac, évidemment.

Calligraphy by Kanjuro Shibata XX "Enso".(Source Wikipedia)

Une histoire proche de zéro

L’absence d’Histoire qui donne son titre au roman renvoie à deux éléments importants du récit, Miley et la ligne de vêtements Gabriel Hounds. Après sa cure de désintoxication, Miley est devenu un homme sans histoire personnelle, un matériau vierge, une sorte de mannequin neutre que Bigend s’amuse à habiller au gré de sa fantaisie ou des circonstances, un être qui ne possède aucun objet personnel. Quant aux vestes, l’une des raisons de leur succès est justement cette absence d’informations sur leur origine, leur passé.
Mais ce titre aurait aussi pu être Zero Story, tant l’histoire (au sens de l’intrigue du roman) est mince et traitée avec désinvolture. C'est là le plus gros problème que pose le dernier roman de Gibson. Il s’agit d’une longue enquête ponctuée de révélations tirées du chapeau d’un illusionniste fatigué, de deus ex machina plaqués avec lourdeur (l’irruption de Garreth et sa façon de prendre en main les affaires de Bigend qu’on imaginait jusqu’alors être plutôt du genre control-freak), les personnages sont rarement mis en danger (deux ou trois petites scènes d’action vers la fin, mais rien de bien palpitant), et lorsque l’histoire est relancée par un rebondissement, il s’agit du kidnapping d’un personnage dont on n’avait jamais entendu parler jusqu’alors et dont on se fiche éperdument. Et tout ça pour courir après un McGuffin qui n’est qu’une bête veste en jean !

Plus problématique encore, alors qu’on s’approche du dénouement, on se surprend à trouver plus intéressants les quelques paragraphes qui nous révèlent enfin l’histoire de la marque mystérieuse que le reste du roman consacré à nous décrire comment Hollis arrive à cette découverte.

La vacuité du scénario, ses défauts grossiers sont probablement des effets voulus par Gibson. Mais j’avoue rester plus que dubitatif quant à ses intentions profondes, à l’intérêt de tout cela qui apparaît au mieux comme une certaine désinvolture, au pire comme une dérive de l’auteur s’enfermant dans une posture un peu stérile.

William Gibson, Zero History 1/3

J’ai lu (lentement et péniblement, parce qu’il faut bien dire ce qui est, l’anglais, c’est quand même une langue bizarre...) le dernier roman de William Gibson. Quelques impressions de lecture dans les lignes qui suivent (divisées en plusieurs parties, parce que « on » m’a dit que je faisais des posts trop longs).


Comme beaucoup de lecteurs de SF, j’ai découvert William Gibson avec Neuromancien, et dès l’incipit ce fut le choc : «The sky above the port was the color of television, tuned to a dead channel.» C’était la première fois que je tombais sur un écrivain dont le style collait parfaitement à l’univers futuriste qu’il décrivait. Pour son écriture, mais aussi pour les thèmes qu’il aborde, j’ai toujours mis Gibson à part dans mon panthéon des grands auteurs de SF.

Après ses deux trilogies et le très beau recueil de nouvelles Gravé sur Chrome qui font partie des références du cyberpunk, il s’est détourné de l’anticipation pour se consacrer à la description du monde contemporain, ou, plutôt, à son déchiffrage. À la manière d’un Laney qui sait lire les « points nodaux » dans Tomorrow Parties, Gibson décrypte la société, met à nu son code source, en identifie les schémas sous-jacents. Il utilise pour cela une technique héritée de son expérience d’écrivain de science-fiction : «il donne à lire le présent comme si c’était le futur», pour reprendre les mots de Scarlett Thomas dans le New-York Times.

Pour surprenant qu’il était, l’abandon du cyberpunk au moment d’Identification des schémas avait été une véritable réussite. La déception avait par conséquent été d’autant plus grande à la lecture de Code source, roman sans véritable enjeu, où l’auteur, incapable de se renouveler, semblait se caricaturer (voir par exemple la critique, sévère mais juste, qu’en fait Xavier Mauméjean sur Noosfère). Cette tendance semble hélas se confirmer avec la conclusion de la trilogie Bigend de Gibson, Zero History, même si, on va le voir, ce nouvel opus est loin d’être inintéressant.
Le marché du style est un champ de bataille

Zero History rassemble et suit deux personnages des précédents romans. Hollis, l’ex-rockeuse de Code Source, est de nouveau engagée par Hubertus Bigend, omnipotent directeur de l’agence de cool hunting Blue Ant. Après son enquête sur le locale-art, elle se trouve lancée sur la piste d’une nouvelle tendance, un blouson hors mode conçu par un designer inconnu, griffé d’une marque ultra-confidentielle, ce qui, paradoxalement, en fait la notoriété : la ligne de vêtements Gabriel Hounds est connue pour ne pas être célèbre. C’est un accessoire de mode qui se veut atemporel : «when they remake the jackets, if they ever do, they’ll be exactly the same, cut from exactly the same pattern» («lorsqu’ils referont ces vestes, s’ils en refont un jour, elles seront parfaitement identiques, taillées sur le même patron»*). Dans un monde où tout change à chaque nouvelle collection, cette permanence en fait un objet quasiment mythique.

Milgrim, le junky d’Identification des schémas, est sorti d’une coûteuse cure de désintoxication, payée par Blue Ant, et il travaille lui-aussi pour Bigend, qui apprécie sa capacité à remarquer des détails qui seraient insignifiants pour d’autres. L’homme d’affaires belge l’utilise pour de l’espionnage industriel afin de gagner des parts de marché dans le secteur des vêtements militaires, partant du principe que le treillis est l’influence majeure du streetswear de ces dernières années ; le roman est tout entier résumé dans cette métaphore : le marché du style est un champ de bataille.
Les deux personnages vont se retrouver à Londres puis à Paris pour mener leurs enquêtes qui entremêlent le monde de la mode et les secrets militaires, les barbouzes et les créateurs.

* Toutes les traductions sont de mon fait

dimanche 10 juillet 2011

Etre cool à Londres

C'est la cata. Ca fait trois jours que je cours après mon chat pour lui raser la queue de façon à ce qu'il ressemble à un rat domestique. Trois jours que je galère à chasser le minou pour ne pas passer pour un con à Londres. Tout ça parce qu'on m'a dit : "Londres ? Mais houlala ! Faut être Hipster là bas ! Sinon tu vas passer pour un vieux réac de conservateur !". Ni une, ni deux, je sors mes vieilles Doc et pars donc chasser le vieux matou, histoire d'être dans le coup une fois arrivé sur place.
Jusqu'à ce que je tombe ce matin sur un blog, alors que je cherchais innocemment sur le net la meilleure façon de draguer la Milf anglaise, qui explique que le courant hipster c'est has been, sauf si tu veux ressembler à une tête de gland. C'est mon chat qui a apprécié.

dimanche 3 juillet 2011

Imprésario du troisième type de John Scalzi, L'Atalante

C'est les vacanceuuuuuuuuuuuuuuux !!!!!

Les vacances c'est enfin les bouchons sur la route quasiment tous les samedis, les enfants à la maison qui cassent les boules, les émissions de radio à la con, et les livres qui détendent. Et à ce sujet, j'ai justement quelque chose pour vous.

Je vais donc vous parler d'un livre idéal pour passer de bonnes vacances, pas méchant, bien écrit et très drôle. Je veux parler de Imprésario du troisième type de John Scalzi, ce même auteur qui avait écrit l'excellent Le vieil homme et la guerre.
Sauf que cette fois-ci, et c'est tout à son honneur, on change complètement de registre, tout en restant dans de la science-fiction. Pour faire court et efficace, c'est l'histoire d'extraterrestres qui, en orbite autour de la Terre, font appel à une agence d’imprésarios afin de préparer leur fameux contact du troisième type. Remarquez il faut au moins ça quand on ressemble à un cube de gélatine et qu'on sent à peu près aussi bon qu'une fosse septique. Le roman est franchement drôle sur fond de satire du monde du show-bizz, avec des aliens caustiques à souhait ayant appris à connaître les habitudes humaines en piratant les séries télé américaines. Un  livre donc à mettre dans votre valise.

Sur ce, je vous souhaite à toutes et à tous d'excellentes vacances et vous laisse avec ce petit morceau live de The Heavy, un groupe anglais qui mélange rock, reggae et punk et que c'est super bien. Moi j'adore.

lundi 13 juin 2011

Danse avec les poulpes

Non, le punk n'est pas mort. Enfin... pas totalement. Il suffit d'écouter The Black Lips, un des plus talentueux groupes de cette génération pour s'en convaincre. Et ça tombe bien parce qu'ils viennent de sortir leur tout dernier album Arabia Mountain.

The Black Lips, c'est un mélange de rock, de pop et de punk, le tout dans un fracas de larsen tout autant insupportable que jouissif. Impossibles à cataloguer, ils arrivent à faire le grand écart entre des morceaux rappelant Blur de la grande époque et du Sex Pistols.

Ecouter The Black Lips c'est se prendre un grand bol d'air frais venant de l'autre côté de la Manche (bon, d'accord, ils sont Américains mais je trouve qu'ils ont un son très british). Et moi ça me donne encore plus envie d'aller à Londres cet été !




jeudi 9 juin 2011

Petit interlude récréatif



Désolé, je ne fais que passer... On n'a pas toujours quelque chose d'intéressant à dire non plus.

[Autopromotion, suite] Muséums, la tournée

Après sa sortie officielle lors des Imaginales, l'anthologie Muséums continue sa tournée promotionnelle mondiale. Deux séances de dédicaces sont prévues, l'une à Paris le 18 juin de 15 h à 18 h à la librairie l'Antre-Monde, 142 rue du Chemin Vert, métro Père Lachaise, l'autre à Lyon le 25 juin, toujours de 15 h à 18 h à la librairie Trollune (25, rue Sébastien Gryphe dans le VIIème).

jeudi 2 juin 2011

Star Wars, enfin une explication

Une explication tardive mais bienvenue à l'angoissante question que beaucoup s'étaient posée en découvrant Star Wars I - La menace fantôme : "C'est quoi cette daube ?".

samedi 21 mai 2011

[Autopromotion] Anthologie Muséums

Ce blog devient un vrai repère de pubards, on va bientôt se croire sur TF1...
Alors, après L'ardoise magique, après les galipettes philippines de Big Luna, chers téléspectateu... heu, pardon, chers lecteurs, votre temps de cerveau disponible est requis pour jeter un œil sur la nouvelle anthologie publiée par Malpertuis et dirigée par Christophe Thill, Muséums.
Regroupant 34 nouvelles (dont certaines signées par des noms connus comme Gudulle ou Fabien Clavel, entre autres) relevant pour l'essentiel du fantastique (mais pas que... pour ma part, je suis resté fidèle à la SF), ce livre sortira fin mai à l'occasion des Imaginales.
La couverture est de Mandy et pour les détails, ça se trouve sur le site de l'éditeur.

mercredi 18 mai 2011

Peter Watts, ou l’échec (brillant) de la science-fiction

Je viens de finir Vision aveugle, de Peter Watts. Un roman de très bon niveau, qui, sous prétexte de raconter une nième variation de la rencontre entre les Terriens et une intelligence extra-terrestre (certes plus originale que les ET traditionnels, grâce à la grande culture de l’auteur en matière de biologie), traite de l’évolution et du rôle de la conscience dans l’aptitude des humains à s’adapter à leur milieu.
Si on peut reprocher à Watts une certaine tendance à compliquer inutilement le fil de son récit (chronologie décousue, présentation tout d’abord absconse de concepts qui s’éclairent ensuite...), le roman n’en reste pas moins une brillante stimulation intellectuelle, de part les idées originales qu’il brasse et par l’intrication riche et rigoureuse d’éléments scientifiques de pointe avec la trame même de l’intrigue. Je ne détaille pas plus et renvoie ceux qui veulent plus d’information à sa fiche NooSFère (d’autant plus intéressante que les critiques qu’elle comporte font une analyse radicalement opposée à la mienne, j’y reviendrais).

Cependant, en arrivant au terme du livre, l’impression générale qui ressort de cette lecture est, paradoxalement, celle de l’échec de la science-fiction. Suite au récit et aux maintenant incontournables remerciements de l’auteur (à son éditeur, ses amis, ses relecteurs, on s’étonne presque de ne pas y voir figurer la femme de ménage et le papetier du quartier...), Peter Watts donne de nombreuses explications sur les concepts de physique, de biologie et de psychologie brassés tout au long du roman, références à des articles universitaires dans des revues spécialisés à l’appui.
Ainsi l’auteur reconnaît-il lui-même son incapacité à provoquer la suspension of disbielief puisqu’il ressent le besoin de justifier a posteriori que ses «inventions» les plus audacieuses ne relèvent pas d’une science fictive, mais bien de faits déjà avérées par l’Académie. Et ces justifications sont en effet nécessaires, tant l’amoncellement de choses «incroyables» font régulièrement décrocher le lecteur : des vampires aux commandes d’un vaisseau spatial, l’utilisation de visages torturés pour représenter des statistiques, le recours à des psychopathes pour constituer un équipage d’élite post-humain (les membres du Thésée constituent un véritable freak show qui agace le lecteur par cet effet d’accumulation)... Bref, ce n’est que dans la lecture de la postface qu’on retombe dans une rationalité familière et qu’on accepte, enfin, de suspendre son incrédulité, puisque même la Faculté nous certifie que tout cela est plausible. On ressort de cette lecture tout surpris d’avoir pris plus de plaisir et d’intérêt à la postface qu’au roman lui-même.

Dans Vision aveugle, Peter Watts n’est pas un auteur de science-fiction. C’est un scientifique extrêmement pointu et cultivé, doublé d’un très bon vulgarisateur.

Une remarque en passant : j’ai renvoyé le lecteur aux critiques écrites par Pascal Patoz, pour NooSFère, et par Patrick Imbert dans Bifrost numéro 54. Je dois ajouter ici que l’une des remarques de ce dernier m’a un peu scié (j’allais écrire «agacé», mais après tout, chacun est libre de définir la science-fiction comme il l’entend...) : la complexité du roman, que je regrettais plus haut, lui apparaît, à lui, comme une qualité. Ainsi justifie-t-il le plaisir qu’il a à ne rien paner : « même absence d'explications dans le contexte quotidien (quel roman de littérature contemporaine explique le fonctionnement d'un robinet ? Pourquoi la S-F devrait-elle justifier ses choix technologiques ? ».
 
Les bras m’en tombent, comme on dit du côté de Milo. Pourquoi la SF le devrait-elle ? Mais parce que, justement, c’est de la SF.
Et ce n’est pas moi qui élucubre ça ; d’autres gens, plus cultivés et plus intelligents que moi l’expliquent très bien, comme Claude Ecken, dans un passionnant article publié dans Bifrost (oui, le même) et repris sur le site web de la revue. Citons le maître : « En S-F, il convient de prendre le lecteur par la main et de patiemment lui expliquer les règles et les lois de ce nouveau monde. Affirmons-le clairement : prendre par la main le lecteur l’empêche surtout de se barrer ! Un auteur de littérature générale ne connaît pas ce problème.»
M’enfin, bon, qu’on puisse préférer un récit abscons à une explication claire et compréhensible ne devrait pas m’étonner plus que ça. Il paraît que la fantasy se vend très bien de nos jours...

mardi 10 mai 2011

Tous au forum des associations d'Issoire le 28 mai !

Vu que tout le monde fait son auto-promotion sur ce blog, il n'y a pas de raison que je n'en fasse pas de même. Bon, moi ce sera nettement moins intello, forcément.

Je viens d'apprendre ce matin que j'étais collé pour faire une démonstration de Kali Escrima lors du prochain forum des associations de la ville d'Issoire, qui aura lieu le 28 mai après-midi, je ne sais pas encore où.

Si j'ai bien compris, on m'a demandé de préparer une démo sabre, simple bâton, double bâton, et un combat souple en armure. Le tout devant assez péter pour intéresser le public mais sans faire un truc trop pêchu pour éviter de lui faire peur (du coup on m'a demandé de ne pas utiliser de couteau). Sympa comme cahier des charges. Et j'ai deux semaines pour préparer tout ça...

Donc, si vous êtes du coin, ça peut être une bonne occasion de découvrir ce que les associations et clubs de votre région peuvent vous proposer. Et si vous me croisez, je serai franchement ravi de vous revoir et discuter avec vous.

dimanche 8 mai 2011

Pourquoi devenir libraire ?

Je suis très étonné par le nombre de personnes qui m'adressent des courriers à la recherche de conseils pour monter leur librairie. Finalement peut-être que la petite librairie de quartier n'est pas morte. Ce dont je doute.

Enfin bref (comme dirait Mélanie Fazi), la première question à se poser avant de concevoir un quelconque projet de vie est, à mon avis, de se demander pourquoi on veut le faire. D'où vient donc cette énergie qui nous fait rêver, qui nous porte et nous amène à réaliser des choses que l'on pensait irréalisables ?

L'erreur la plus fréquente est de se dire que l'on veut devenir libraire parce qu'on aime la lecture. Il faut vraiment prendre conscience qu'un libraire ne lit pas forcément plus qu'un lecteur "amateur". Comme tout un chacun, nous n'avons pas le temps de lire au boulot (comme vous, non ?), et le soir nous avons une vie familiale et, pour quelques uns d'entre nous, des loisirs en dehors de la lecture. Hé oui, le libraire n'est pas autiste, il a aussi une vie en dehors de sa librairie. Donc, si vous adorez lire, choisissez plutôt un boulot qui vous permet de sortir à 17h, avec plein de RTT. Je vous assure que vous lirez beaucoup plus qu'un libraire.

Revers de la médaille, le librairie a plus de choix de lectures mais lit rarement ce qu'il aime. Je ne le dirai jamais assez, le libraire est avant tout un entrepreneur. Ce n'est pas un intellectuel, ce n'est pas un philosophe, c'est quelqu'un qui vit uniquement de ses ventes. Il a donc intérêt de vendre beaucoup et comme chacun sait, qualité et quantité ne font que rarement bon ménage. Personnellement je n'ai jamais vendu de Werber, mais d'un autre côté je n'ai jamais été riche. 
Tout ça pour dire qu'à force de se forcer à lire de trucs qui ne correspondent pas à ses envies, on arrive facilement à se dégoûter de la lecture. Sacré paradoxe n'est-ce pas ? D'un autre côté on peut tomber sur de belles surprises.

Une autre raison serait de devenir libraire pour partager sa passion. Là, je dis ok, c'est peut-être même la seule raison valable. Ok à condition d'avoir une autre source de revenus car l'idée est noble mais pas forcément lucrative. Je vous le répète encore une fois, on vit une passion mais avant tout on travaille pour vivre, pour manger et faire manger ses enfants.
Sachez toutefois qu'il est tout à fait possible de partager sa passion en devenant bibliothécaire bénévole (quoique j'ai l'impression que c'est de plus en plus difficile), ou critique d'un journal ou d'un webzine.

Etre libraire permet de rencontrer ses auteurs préférés. C'est pas totalement faux. Sachez toutefois qu'avec les salons il est tout à fait possible de rencontrer les auteurs pour peu que ceux-ci ne soient pas des gros cons (mais oui, il y en a !). Etre libraire vous permettra peut-être d'avoir une autre relation que la plupart des autres gens. On va dire que cela facilite le contact. Maintenant il ne faut pas se faire d'illusions : j'arrive à reconnaître les auteurs qui sont réellement contents de me voir et ceux qui se sentent obligés de faire de la public relation. Nous sommes encore une fois dans une relation commerciale.

Maintenant, on n'est pas obligé d'ouvrir sa librairie pour être libraire. Autant laisser aux autres le soin de prendre des risques (et de retirer des bénéfices quand il y en a).
La question qu'il faut alors se poser est : quel sera le périmètre de ma fonction ? Nous sommes d'accord, le côté le plus gratifiant du métier est la relation clients. Il est donc primordial de s'assurer que vous aurez le loisir de l'assurer.
Si votre boulot se résume à mettre en rayon les bouquins sortis des cartons et à renseigner les clients sur l'endroit où se trouve l'ouvrage recherché, honnêtement nous sommes loin de l'idéal recherché et la frustration, suivie tôt ou tard de l'agressivité, ne tardera pas à se pointer.

Aimer la lecture et les auteurs ne suffit pas pour devenir libraire. Je suis persuadé que mon ami JFS lit plus que moi et connait mieux le milieu interlope que moi alors qu'il est fonctionnaire (comme je vous le disais, il faut disposer de beaucoup de temps libre). Des fois je l'envie, car il lit uniquement pour le plaisir sans penser à marges et retours.

Réfléchissez à vos motivations profondes avant de vous engager, car après il est très difficile de faire marche arrière. Mais nous en reparlerons plus tard.

vendredi 6 mai 2011

Le Prince Miiaou, un petit chat à découvrir

J'en avais déjà un peu entendu parler il y a quelques temps, mais c'est en écoutant un interview sur France-Inter mardi dernier que je suis tombé définitivement sous le charme. Le charme d'un chanteuse timide, sensible, modeste, avec un talent fou. Du coup, je me suis acheté son dernier album hier. Honnêtement, c'était par pure curiosité. 15€ dépensé parce qu'une fille m'avait touché à la radio : putain, moi chuis le dernier des romantiques, un vrai Capulet Junior.

Verdict : c'est bien. C'est même très bien, avec un petit côté à la PJ Harvey que j'aime bien. A moins que ce soit des résonances à la Radiohead, un petit truc expérimental, très approximatif, qui touche par le fait qu'on frôle à tout moment la catastrophe.

Mais chuuut, je vous laisse découvrir cette artiste.




Je pense que mon prochain article s'intitulera "Il-y-a-t-il une vie possible après une vie de libraire ?". En fait, tout dépend de ce que l'on veut faire de sa vie. A très bientôt, je vous prépare ça.

En bref : Janus

J'ai lu le dernier roman d'Alastair Reynolds paru en français. Ce Janus ne m'a qu'à moitié convaincu... J'explique ici pourquoi.
Je termine ma critique en laissant entendre que, malgré ses défauts, ce roman mériterait bien une suite. Je viens d'aller voir sur le site de l'auteur : une telle suite est effectivement envisagée (voir la FAQ).
Janus et Epimetheus - (c) NASA.

dimanche 1 mai 2011

Publicité : l'ardoise magique

On me signale le lancement d'une souscription pour le premier roman d'Anne Lanièce, L'ardoise magique, édité par Bernard Henninger au Soufflerêve. Je retransmets l'information d'autant plus volontiers que, primo, Anne m'est éminemment sympathique ; secundo, j'ai pu lire le premier jet de son manuscrit : L'ardoise magique est un roman passionnant construit sur une idée qu'on peut au minimum qualifier d'originale et stimulante pour l'esprit.

mercredi 13 avril 2011

Paris + 2 °C

(c) et alors
Toujours grâce à l'excellent blog Inhabitat, je suis tombé sur un projet d'architectes qui devrait titiller les souvenirs des lecteurs de Bleue comme une orange de Norman Spinrad.
Le collectif et alors a mis en ligne des photomontages et des images retouchées illustrant une réflexion autour de l'évolution de la ville pour faire face à une hausse des températures de 2 à 6 °C : voiles pour ombrager les rues, marché flottant, salles de prévention de l'hyperthermie, oasis verticales, utilisation des toits... Des vues de Paris (cliquer sur "prospective + 6°C" puis sur "Paris + 2 °C") présentent une vision crédible (quoique sans doute un peu utopique) de la capitale en 2100.
C'est un peu moins inquiétant que ce projet, qui évoque plutôt le gros foirage qui sert de toile de fond aux âmes dans la grande machine de Sean McMullen !

vendredi 1 avril 2011

Certains l'aiment chaud

Un article très intéressant lu dans Wired Science : s'il est couramment admis que, pour abriter la vie, une planète doit disposer de suffisamment de chaleur pour qu'une activité chimique y soit possible, les astrophysiciens ont imaginé d'autres solutions que la proximité d'une étoile pour atteindre ce résultat.

Le papier intitulé Dark Matter Heat Could Make Expolanet Habitable part du principe que certaines particules de matière noire pourrait ainsi chauffer une exoplanète dérivant dans l'espace loin de toute étoile, ou encore après la mort de son étoile, et ainsi permettre l'existence d'une forme de vie organique. La conclusion de l'article ressemble à un bon pitch de hard-science : "dans un lointain futur, quand toutes les étoiles de la galaxie se seront consumées, toutes les civilisations survivantes pourraient émigrer vers de telles planètes. Elles deviendraient les ultimes bastions de la civilisation" (traduction par mes soins).

Je ne sais pas si ce genre d'idées a déjà été utilisé dans un roman de SF...

samedi 26 mars 2011

Pour nous les hommes qui aimons les femmes

Yeah ! On dirait que là-bas, de l'autre côté de la grande flaque salée, les producteurs américains aient pensé aux esthètes comme nous, qui savons apprécier la tendre fleur de la féminité même lorsqu'elle est cachée sous la rude écorce d'un séquoia de violence (ça chie à l'oreille, cette métaphore, non ?).
Je viens de tomber sur la bande annonce du nouveau film de Zack Snyder, Sucker Punch. Cet homme me comprend comme s'il vivait dans ma tête. Il y a des décors qui ressemblent à un mélange réussi d'Avalon et de Capitain Sky et le monde de demain. Il y a de la baston. Il y a des gros guns, des robots de combat et des méchants Nazis. Et surtout quelles actrices ! quels costumes !


C'est Wired.com qui en parle le mieux :
Sucker Punch’s plucky heroines dress like strippers but fight like ninjas. Swinging swords, firing bazookas, stabbing, slashing, kicking and machine-gunning rafts of robotic bad guys into oblivion, they wreak havoc while dressed in fishnet stockings, high heels and corsets.

Ça vient de sortir aux USA. Vivement que ça arrive chez nous !

dimanche 20 mars 2011

Paul

C'est avec une certaine crainte que je suis allé voir Paul. Depuis que je me suis fadé la saison 1 de l'insipide Big Bang Theory, je suis un peu méfiant avec les comédies situées dans le monde des geeks.
Et, en fait, j'ai été très agréablement surpris. Dans cette histoire de deux fans de comics qui, de retour d'une convention, tombent sur un extra-terrestre échappé du hangar 51 après l'affaire de Roswell, on est plutôt dans une tonalité proche de Galaxy Quest ou Shaun of the Dead (ce qui n'est pas une surprise pour ce dernier, dont le scénario était déjà signé par l'acteur Simon Pegg).
Le film est ultra-référencé : ET (avec un caméo vocal de Spielberg himself) et Rencontre du 3ème type, bien sûr, mais aussi X-Files, Aliens... et même Indiana Jones. Mon passage préféré étant la reprise du thème du Cantina Band de Star Wars par un groupe de country jouant dans un bar paumé au fin fond de la campagne.
Mais en plus d'être un véritable quizz pour la culture geek des spectateurs, Paul est une très bonne comédie, bourrée d'énergie, truculente (le vocabulaire de l'extra-terrestre est assez fleuri), balayant une large palette de l'humour, du scatologique le plus décontracté aux calembours dignes d'une convention de SF. Cerise sur le gâteau, le film est une charge frontale sans finesse, bourrine et jubilatoire contre la religion.

vendredi 11 mars 2011

Deux BD de steampunk


Cela faisait un long moment que je n’avais plus vraiment suivi ce qui sortait en BD. Mais à force de trainer dans les bibliothèques de la ville de Paris, un vieil atavisme a fini par m'attirer vers les bacs remplis d’albums. Piochant un peu au hasard, j’ai fini par «découvrir»  deux séries steampunk qui, chacune dans leur genre, valent le coup d’œil (je mets le verbe découvrir entre guillemets, parce que si ça a bien été une découverte pour moi, il s’agit de séries commencées depuis plusieurs années dans des collections grand public, toutes deux chez Delcourt, donc inutile de s’attendre à des révélations fracassantes ici).

(Source : BDgest.com ; (c) Delcourt)
Hauteville House est une série de Duval (à qui l’on doit le très bon cyberpunk Carmen McCallum, par exemple) dessinée par Gioux. Le dessin est classique, rien de génial mais tout à fait convenable. L’histoire prend un certain plaisir à passer par toutes les figures imposées du Steampunk : évocation de héros du XIXème siècle (en tête, le Gavroche des Misérables) et de leurs auteurs (comme le titre l’indique, l’ombre du reclus de Guernesey plane sur le scénario), clins d’œil à Jules Verne (le Nautilus est de la partie), grosses machines à vapeur, mélange de la grande Histoire avec des anecdotes ésotériques...

Principale originalité de cette série : au lieu de se concentrer sur les événements de l’Europe, elle a pour cadre la guerre de Sécession, l’expédition du Mexique de Napoléon III, la Nouvelle-Calédonie... L’histoire est bien rythmée, avec son lot de scènes d’action, de rebondissements, de trahisons, de machines infernales...

(Source : BDNews ; (c) Delcourt)
Beaucoup plus sombre, la série Les Sentinelles est scénarisée par Xavier Dorison, dont j’avais beaucoup aimé Le troisième testament. Elle se déroule durant la première guerre mondiale et raconte les peu reluisantes manœuvres de l’armée française pour acquérir une technologie révolutionnaire qui lui permet de se doter d’une unité de proto-cyborgs. Le héros, un scientifique antimilitariste piégé par un état-major sans scrupules et une sorte de docteur Folamour sadique, se retrouve lui-même dans le rôle de l’une des Sentinelles et doit assumer son rôle de super-héros et de soutien du moral des troupes.

De façon étonnante, le dessin (dû à Enrique Breccia, que je découvre ici) fait ressortir le côté tragique de l’histoire en recourant à des couleurs très douces, des fonds superbes en aquarelles et l’utilisation rare et pertinente d’images d’époque.

mercredi 9 mars 2011

Un petit côté Frankenstein du futur


Le site Inhabitat.com est dédié aux projets d'architecture et de design en lien avec l'environnement. Parfois, leurs posts semblent sortir d'un bouquin de science-fiction, comme ce projet de tour construite en graphène et destinée à produire de l'hydrogène par électrolyse de l'eau en utilisant les éclairs des tempêtes tropicales comme source d'énergie.

mercredi 9 février 2011

La réalité dépasse l'affliction

Lu dans Libé d'hier, dans un article consacré à la découverte des exoplanètes par Kepler : "Ce premier coup d’éclat de Kepler montre à quel point le bestiaire planétaire du cosmos dépasse les imaginaires des auteurs de science-fiction." Et l'auteur, un certain Sylvestre Huet, de nous citer quelques exemples de ce qui aurait échappé à l'imaginaire des auteurs de SF : "une infinie diversité. Des gazeuses comme Jupiter ou Saturne. Des rocheuses comme la Terre ou Vénus. D’autres faites surtout de glace. Des chaudes, voire brûlantes, des froides. Des qui frôlent leur étoile [...]. D’autres très éloignées de leur étoile. Des orbites quasi circulaires, d’autres dont l’ellipse s’étire très loin du cercle…"
C'est à se demander ce que ce cuistre a lu en matière de SF. Du Bernard Weber ? Une adaptation en bande dessinée de Oui-Oui sur la Lune ? Des noms comme Heliconia, Le creuset du temps, La ligue de tous les mondes... ne lui disent rien ? A-t-il entendu parler d'auteurs comme Iain Banks ou Alastair Reynolds ? On peut en douter.
On peut se réjouir que de nouvelles exoplanètes soient découvertes. On peut aussi se féliciter de ce qu'un journal comme Libé ne mette que quatre jours à relayer l'information (oui, là, c'est de l'ironie). Mais ce qui demeure un peu agaçant, c'est qu'un journaliste tape sur la SF, sans visiblement n'en rien connaître, juste pour balancer un lieu commun afin de meubler deux lignes supplémentaires dans un article.
J-F S.

mardi 25 janvier 2011

Le jeu de rôle, c'était mieux avant

Non mais c'est n'importe quoi ce blog. Moi, on ne m'avait pas dit ça quand j'ai signé.

Toujours est-il que moi au moins je choppe quelque chose à mon cours de danse, et c'est pas un mal de tête.

Quand j'ai vu cette vidéo j'ai tout de suite pensé à JFS, célèbre égorgeur de carottes dont il boit le jus, et joueur invétéré de jeu de rôle, encore, à un âge où il ferait mieux de faire des enfants.

Attention, c'est pas pour les enfants.

Green Hornet

On s'est fait une petite sortie, Big Lulu et moi, et puis on avait emmené un troisième larron (pas Chuck, parce qu'il avait son cours de danse classique ce soir-là) et puis une fille, aussi, pour les quotas : on est allé voir The Green Hornet.
On ne peut pas dire que ça soit subtil. C'est même parfois un peu lourd. Mais c'est drôle, c'est frais, c'est bien fichu... un très bon moment, dans le même esprit que l'excellent Kick Ass : une comédie futée qui joue sur les codes du super-héros tout en montrant l'envers du décors. Et une mention spéciale au méchant, un vrai névrosé qui s'angoisse à propos de son image,  et qui illustre bien l'adage de Hitchcock ("meilleur est le méchant, et plus vous réussirez votre film", je cite de mémoire). Tout le monde a apprécié (sauf la fille, mais c'est pas un film de filles). 
Seul bémol : le film passait en 3D, et, comme je l'avais déjà ressenti avec Avatar (le navet cameronien, ou comment faire 2h30 avec un scénario écrit sur un confetti), les réalisateurs et les chefs opérateurs ne savent pas quoi faire de cette "innovation" ; ils filment comme de la 2D, reléguant le relief au rôle de gadget bling-bling et coûteux : résultat, on paye 3 euros de plus, on a l'air con avec les lunettes sur le nez, et on choppe mal à la tête.
Pour en revenir au Green Hornet, j'ai beaucoup aimé les nombreux clin d’œil adressés à Bruce Lee tout au long du film.

J-F S.

Jeu concours Rift : une clé VIP à gagner


Prenez le meilleur de Dark Age of Camelot, de Warhammer Online, et de World of Warcraft, secouez le tout dans une boite de meuporg, et vous obtiendrez Rift.

Prochain MMORPG en date à sortir (le 4 mars si je me souviens bien), Rift est un jeu que je suis depuis un bon bout de temps et qui en toute honnêteté se bonifie de semaines en semaines. Bien qu'assez classique, Rift reste un vrai jeu vidéo au monde persistant, ludique et addictif.

Difficile de le rater dans le monde vidéo-ludique, Trion, l'éditeur de Rift, a inventé une nouvelle façon de faire du buzz pour pas cher autour de son jeu. Habituellement, les meuporg proposent une béta ouverte d'une semaine ou deux avant la sortie du jeu afin que chacun se fasse une idée de la finition de la bête et en parle autour de lui. Bien souvent cette façon de faire se retourne contre l'éditeur : il suffit d'avoir participé à la béta de Final Fantasy XIV pour s'en convaincre.
Mais Trion a inventé une nouvelle façon de faire assez couillue : il a étalé ses tests sur 7 petites betas fermées de quelques jours. D'abord accessibles à quelques rares chanceux (moi, merci), Trion a distribué de plus en plus de clés pour participer aux tests de son jeu. Il a ainsi créé une demande en limitant son offre. En plus, comme son jeu  est déjà bien abouti, les retours des joueurs ont été assez bons pour enflammer le landernau vidéo-ludique.

Il reste encore 3 bétas pour découvrir le jeu avant sa sortie. 3 bétas dont la prochaine débute ce soir à 19h. Et Chibabuzz, dans sa grande bonté, offre une clé VIP qui permettra à son détenteur de participer aux 3 prochaines bétas. C'est pas beau la vie ?

Nous offrons donc une clé VIP pour participer aux 3 prochaines bétas de Rift à la première personne qui répondra correctement à la question suivante : qui de Big Luna (c'est moi, attention), JFS, et Chuck Mohrice, est le plus mignon. Le concours est ouvert à tout le monde, homme ou femme nous ne sommes pas regardants. Il vous suffit d'écrire votre réponse à Chuck.Mohrice@gmail.com

Pour vous aider dans ce choix cornélien voici la photo de chacun de nous :

Tout d'abord moi. Je sais, il parait que je lui ressemble, en plus là j'avais mis mes lentilles.



Ensuite, JFS. La photo date du week-end dernier quand nous sommes sortis dans un bar de jeunes.



Enfin, Chuck, toujours de bonne humeur.



Bonne chance à tous !

jeudi 20 janvier 2011

Je déteste les artistes !

J'en ai franchement marre que l'on m'explique que je n'ai aucune considération pour les "Artistes qui suent sang  et eau devant leur planche à dessin" parce que je ne finis pas les livres avant de dire qu'ils ne m'ont pas plu. Ça me gonfle à un point !

Je ne sais pas vous, mais moi quand je vais au restaurant et que je n'aime pas un plat, je ne me force pas à le finir en me disant qu'il sera meilleur quelques bouchées plus tard. Et le cuisinier ne vient pas me les briser si on lui ramène mon assiette à moitié vide. Au contraire, bien souvent c'est le patron qui se déplace à la table pour demander si il y a eu un problème. En tous cas, c'est ce qu'il se passe dans les restaurants que je fréquente (j'avais un copain qui prenait des paris avant d'entrer dans le restau, sur le nombre de bouteilles de vin qu'il allait réussir à renvoyer, mais ça c'est une autre histoire et puis on était jeune alors ça excuse tout).

Hé bien là c'est pareil : je ne vois pas pourquoi j'irais me faire du mal avec un bouquin si au bout de 100 pages l'auteur n'a pas réussi à me donner envie de continuer. Ce n'est pourtant pas difficile de commencer un roman avec une accroche qui donne envie d'aller plus loin ??!! A moins que ce soit ça le talent. Ça expliquerait alors pourquoi autant de personnes viennent me les hacher menu au lieu de se remettre en question.

Vous me trouvez excessif ? Mais non, moi je suis un Bisounours à côté de certains. Lisez plutôt cet article et vous verrez qu'on peut aller encore plus loin dans la provoc' : le site Page99Test.com propose de vous faire une idée d'un roman à l'aulne d'une seule page, la 99ème. Pourquoi la page 99 ? Et pourquoi pas ?
Le principe est donc de prendre une page au hasard, ou toujours la même de façon totalement arbitraire, et de voir si elle donne envie de lire le livre dans sa totalité. C'est pas plus con que de lire la quatrième de couv' qui bien souvent ne correspond en rien au roman. Quoique des fois rien qu'en lisant la quatrième j'ai envie de jeter le bouquin...

A vous de juger. Moi j'ai un boeuf bourguignon sur le feu.

NB : cet article a été écrit en écoutant du Marilyn Manson et du Ministry, tout en buvant une 16 tout juste sortie du frigo. Ça aide pour écrire des bêtises !

mardi 18 janvier 2011

Le plaisir de lire

Je sais, vous vous dites que je suis une grosse feignasse, que je n'ai aucune considération pour ces hordes de fans qui se lamentent quotidiennement devant ma porte.

Hé bien, vous avez raison : je suis effectivement une grosse feignasse, bien grosse et toute velue. Non pas que je ne lise plus, au contraire, mais je n'ai pas envie d'écrire. Ou plus exactement je n'ai pas envie de parler de mes lectures.

Pour tout vous dire, je réapprends le plaisir de lire. Pendant cinq ans où j'ai été libraire, j'ai lu des livres que je m'obligeais à lire. Pas toujours, mais souvent, avec la frustration de ne pas avoir le temps de lire les livres dont j'avais envie. A chacune de mes lectures j'avais en tête le nombre d'exemplaires à commander, je me demandais à quel client le livre pourrait plaire...

Alors, maintenant, je lis pour mon plaisir. Et je n'éprouve nulle envie de vous en parler : je suis en convalescence, pitié pour le blogueur. Cela ne veut pas dire pour autant que je lis moins, tout au contraire : je pourrais vous dire par exemple que Gemmell écrit encore mieux maintenant qu'il est mort que quand il était vivant, que le deuxième tome de L'Empire Ultime de Sanderson est toujours aussi génial, que Philippe Roth c'est vachement bien mais qu'il faut prendre le temps de l'assimiler, que Leiber est très AD&D, qu'Abercrombie est formidable, que Laurell K. Hamilton est très divertissante, que Célia Chazel nous a fait une belle traduction du Baiser du Démon et que Les Seigneurs de L'Instrumentalité est suranné avec un petit quelque chose du Magicien d'Oz.

Je pourrais vous dire tout cela, mais je n'en ai pas envie ; soit je déprime, soit au contraire je vais trop bien. Je n'ai pas encore vraiment décidé, laissez moi juste un peu de temps.

En attendant, voici pour vous le premier épisode d'une série télé Star Wars réalisée par George Lucas en 1978. Il a tout fait depuis pour l'effacer des archives audiovisuelles, mais Internet est plus fort que lui ! On le comprend ce pauvre homme, c'est franchement pathétique...

lundi 10 janvier 2011

Le steampunk anecdotique

Je viens de terminer Les conjurés de Florence de Paul J. McAuley. Un roman de steampunk, voire de «pré-steampunk» qui se lit bien, plutôt agréable, mais qui me laisse une désagréable impression de vide.
L’histoire se passe à Florence, dans une Renaissance uchronique. Au lieu d’annoncer un renouveau des arts, la période est marquée par leur recul au profit de la science et de la technique. Grâce aux « Artificiers », menés par le génial Léonard de Vinci, la République est entrée avec quelques siècles d’avance dans la Révolution industrielle. C’est dans ce cadre que le jeune Pasquale, apprenti-peintre, va assister un journaliste du nom de Niccòlo Machiavel dans une enquête criminelle aux ramifications internationales.
 Sans être fabuleusement originale, l’intrigue est suffisamment bien construite pour être accrocheuse, les personnages sont attachants, l’écriture est plutôt agréable, et en dehors de quelques longueurs, l’ensemble se lit plutôt bien.

Mais une question demeure une fois arrivé à la fin : pourquoi en faire du steampunk ? Quel intérêt d’aller inventer une Italie plongée dans la Révolution industrielle par la grâce des inventions de Vinci ? Les anachronismes techniques se réduisent pour l’essentiel à quelques gadgets (voitures à vapeur, bracelet-montre, drones de combat...) qui n’apportent rien à l’histoire (à tel point que l’auteur les relègue souvent à l’arrière-plan du roman) ; seules exceptions, l’invention de la photographie et une vague machine volante, et encore, ces deux éléments sont pratiquement réduits à une fonction de McGuffin.
Même impression d’exercice un peu vain avec les personnages. Si le steampunk est traditionnellement l’occasion de s’amuser avec quelques figures historiques, on a un peu l’impression que McAuley se contente de charger de petits défauts les « grands hommes » : Machiavel n’est qu’un sous-Sherlock Holmes qui aurait remplacé la cocaïne par la picole, Raphaël est un fat, Léonard de Vinci est au bord de la sénilité... Ça fait sourire au début, puis on finit par trouver le procédé un peu puéril.

Si le steampunk est un genre que j’apprécie beaucoup, en général, j’ai eu l’impression ici que McAuley avait surtout envie d’écrire un roman historique, mais qu’il s’économisait beaucoup du travail de recherche et de précision que demande ce genre en ayant recours à un univers parallèle au notre. Le problème vient alors du fait que toutes les technologies anachroniques qui sont habituellement l’apanage du steampunk paraissent ici bien anecdotiques.

J-F S.

lundi 3 janvier 2011

Relire Algernon


Comme beaucoup d’amateurs de SF, j’ai lu, il y a longtemps, le beau roman de Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon. Mais ce n’est que récemment que j’ai appris, en discutant avec la très érudite Anne Lanièce, que Keyes avait d’abord écrit une nouvelle sur ce sujet, portant un titre identique. La même Anne a d’ailleurs eu la bonté de me prêter le vieux numéro de Fiction (n° 69, daté d’août 1959) dans lequel ce texte avait été publié en français, dans une traduction de Roger Durand.

Je viens donc de lire Des fleurs pour Algernon, en version courte. Faut-il en rappeler le sujet ? Le texte est constitué du journal que tient Charlie Gordon, un simple d’esprit, qui est l’objet d’une expérience de neuro-chirurgie destinée à tripler son QI (qui, initialement dépasse à peine les 60 points). L’expérience réussit, comme le montre l’amélioration progressive de l’orthographe et de l’écriture de Charlie (idée simple et belle, où la forme écrite se met admirablement au service du sens). À tel point que, devenu un véritable génie, le narrateur peut étudier le comportement d’Algernon, la souris de laboratoire qui a subi la même opération que lui.

L’effet du récit est beaucoup plus saisissant sous cette forme. En une vingtaine de pages, Keith va à l’essentiel et livre une nouvelle bouleversante. Les plus beaux passages sont sans doute ceux du début, où un Charlie encore idiot donne une magistrale leçon d’amour et d’optimisme. Des fleurs pour Algernon est avant tout un texte qui affirme que l’humanité n’est pas une question d’intelligence. La fin, d’une douce tristesse, gagne elle aussi en force et en beauté. À relire d’urgence.

J-F S.
PS : S’il vouplai si vous avé l’ocazion metté des fleurs sur la tombe d’Algernon dans la cour...
 

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